"La réduction des énergies fossiles est inévitable", déclare le président émirati de la COP28

08/06/2023
AFP

"La réduction des énergies fossiles est inévitable", a déclaré jeudi Sultan Al Jaber, président de la prochaine COP28, contesté pour être en même temps patron de la compagnie pétrolière nationale émiratie ADNOC, en marge de négociations au siège de l'ONU Climat à Bonn.

"La vitesse à laquelle cela se produira dépendra de la rapidité avec laquelle nous pourrons mettre en place progressivement des solutions de remplacement sans carbone, tout en garantissant la sécurité, l'accessibilité et le coût abordable de l'énergie", a ajouté M. Al Jaber, dont chaque parole sur les énergies fossiles est scrutée, à six mois d'une COP décrite par le patron de l'ONU Climat comme la plus importante depuis celle de 2015, qui s'est conclue par l'accord de Paris.

M. Al Jaber a défendu une feuille de route pour la COP28 comprenant un "objectif mondial visant à tripler les énergies renouvelables, à doubler l'efficacité énergétique et à doubler l'hydrogène propre, le tout d'ici à 2030".

Cette déclaration intervient alors que de nombreux participants et observateurs des négociations climatiques sous l'égide de l'ONU appelaient Sultan al-Jaber à reconnaître explicitement l'importance de sortir des énergies fossiles, un objectif qu'aucune COP n'est parvenue à fixer à ce jour, pas même celle de Paris.

A Bruxelles, la veille, le patron de la COP28, qui aura lieu à Dubaï, a signé un communiqué avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, appelant à "une transition vers des systèmes énergétiques sans combustibles fossiles sauf avec captage du carbone", dessinant ce qui pourrait être un compromis possible dans les prochains mois entre les différents blocs qui négocient.

"Nous devons avoir comme cap impérieux d'éliminer les émissions des énergies fossiles", avait-il déclaré en mai dans un autre discours au Petersberg, à côté de Bonn. En mettant l'accent sur la réduction des "émissions", son discours était interprété comme une défense du pétrole et du gaz, avec des technologies encore immatures et incertaines de captage du CO2.

A Bonn, où Sultan al-Jaber passe jeudi et vendredi, le thème de la sortie des énergies fossiles est omniprésent chez les ONG et experts qui répètent que le consensus scientifique, rédigé par le Giec dans de multiples rapports, est clair contre les fossiles, responsables du réchauffement de la planète.

Plusieurs militants et observateurs l'ont accueilli en organisant des manifestations appelant à "virer les pollueurs pétroliers" des négociations. "Arrêtez les énergies fossiles maintenant", proclamait une banderole déployée dans le hall du centre des congrès où des milliers de négociateurs se réunissent.