Le gaz européen se remet de son envolée, le pétrole hésite

10/08/2023
AFP

Les prix du gaz naturel européen reprenaient leur souffle jeudi après leur envolée de la veille, poussés par les menaces de grève en Australie dans d'importantes installations gazières, tandis que les cours du pétrole peinaient à trouver une direction claire.

Vers 11H30 GMT (13H30 à Paris), le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, évoluait à 38,90 euros le mégawattheure (MWh), proche de son plus haut prix en près de deux mois.

La veille, le TTF a bondi de plus de 28%, sa plus forte hausse en une séance depuis l'explosion des prix du gaz début 2022 provoquée par le début de la guerre en Ukraine et les craintes d'interruption d'approvisionnement en gaz russe du continent européen.

Les cours ont été poussés par l'annonce d'un appel à la grève sur les plateformes offshore de gaz naturel liquéfié (GNL) de Woodside dans l'Ouest australien, qui fournissent à elles seules plus de 10% de l'approvisionnement mondial de GNL chaque mois. Des employés de l'américain Chevron pourraient également se joindre au mouvement.

"Cette hausse des prix reflète la probabilité que la grève se concrétise, impactant les approvisionnements en GNL pendant les vagues de chaleur en cours, malgré les vastes stocks de gaz en Europe", explique Zongqiang Luo, analyste chez Rystad Energy.

"Une telle grève pourrait (...) inciter de nombreux acheteurs asiatiques à chercher leurs cargaisons ailleurs", comme sur le marché européen, poursuit l'analyste.

L'Australie est un important pays exportateur de gaz naturel liquéfié, représentant environ 20% de l'offre mondiale de GNL selon les analystes de DNB.

La presse financière a rapporté jeudi que Chevron et Woodside Energy ont déclaré tenir des discussions avec des syndicats pour éviter les grèves.

Woodside a d'ores et déjà mis en place un plan d'urgence pour sécuriser ses approvisionnements.

"Nous espérons qu'il ne sera pas nécessaire d'activer ce plan", a expliqué jeudi le groupe, qui veut reprendre les négociations afin d'empêcher tout arrêt de travail programmé pour la mi-août.

Si elles échouent, le syndicat devra déposer un préavis de sept jours avant le déclenchement du mouvement.

En parallèle, les analystes de DNB rappellent qu'une période de maintenance importante des installations gazières en Norvège approche, ce qui "réduira les exportations de gaz via gazoduc de la Norvège de plus de 40%".

Avec la guerre en Ukraine, la Norvège est devenue le principal fournisseur de gaz naturel du continent européen.

Côté pétrole, les deux références mondiales hésitaient jeudi, pris entre les données économiques décevantes venant de Chine et les réductions de l'offre des pays exportateurs, mais évoluaient toujours aux alentours de leurs plus hauts niveaux de l'année.

Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, perdait 0,29% à 87,30 dollars, et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en septembre, baissait de 0,55% à 83,94 dollars.

"Les prix du pétrole se sont à nouveau stabilisés", commente Craig Erlam, d'Oanda, "les annonces récentes de l'Arabie saoudite et de la Russie" et les données économiques chinoises plus faibles se compensant.

L'Arabie saoudite a en effet annoncé la prolongation de ses réductions volontaires de production d'un million de barils par jour jusqu'à septembre, et la Russie une réduction de ses exportations de pétrole de 300.000 barils par jour.

Cette tension sur le marché pétrolier a permis d'"épargner" le pétrole "des difficultés économiques de la Chine cette semaine", alors qu'il s'agit traditionnellement d'un actif "très sensible aux fluctuations de l'économie chinoise", explique Stephen Innes, de SPI AM.