Le pétrole dévisse, malgré le rebond de la demande américaine
Les cours du pétrole ont terminé en forte baisse mercredi, malgré une baisse plus forte qu'attendu des stocks américains et un rebond de la demande, qui ne sont pas parvenus à calmer l'anxiété des traders sur la trajectoire de l'économie mondiale.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en juin, a lâché 3,81%, clôturant à 77,69 dollars.
Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), a lui perdu 3,59%, à 74,30 dollars.
Les deux variétés de référence du marché sont désormais plus bas que le niveau qu'elles affichaient avant l'annonce d'une réduction surprise de production par huit membres du cartel Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés de l'accord Opep+).
Les prix ont chuté en fin de séance mercredi, malgré la publication d'un rapport de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) qui, en d'autres temps, aurait été de nature à les propulser vers le haut.
Durant la semaine achevée le 21 avril, les réserves commerciales de pétrole brut se sont contractées de 5,1 millions de barils aux Etats-Unis, soit plus du triple du million et demi qu'anticipaient les analystes, selon un consensus établi par l'agence Bloomberg.
Le reflux des stocks est partiellement attribuable au rebond de la demande, avec une hausse de 4,6% sur une semaine des livraisons de produits raffinés.
La star des produits pétroliers, l'essence, s'est particulièrement signalée, avec une hausse de 11,6% sur une semaine. Les volumes d'essence livrés aux Etats-Unis la semaine dernière ont atteint leur plus haut niveau hebdomadaire depuis 16 mois.
"Les données étaient de nature à soutenir les cours, mais le marché les a balayées", a commenté Bill O'Grady, de Confluence Investment. "Les inquiétudes quant à la conjoncture emportent tout. Le fait que le marché n'ait pas réussi à garder l'élan après les coupes de l'Opep est une déconvenue majeure."
"Le pétrole est en chute libre, entraîné par l'environnement économique difficile, le secteur bancaire qui fait peur, la réouverture décevante de la Chine, la crainte d'un resserrement trop marqué de la Fed (banque centrale américaine)" et la perspective de voir la production du pétrole de schiste encore augmenter aux Etats-Unis, a énuméré, dans une note, Edward Moya, analyste d'Oanda.
Pour Bart Melek, de TD Securities, les opérateurs spéculatifs, encore positionnés à la hausse il y a quelques semaines, "réduisent leurs positions de façon agressive", ce qui accélère la dégringolade de l'or noir.
Pour lui, ces repositionnement spéculatifs pourraient expliquer la brutalité des mouvements de marché davantage que des facteurs fondamentaux. Il n'exclut pas de voir les cours s'approcher encore davantage des plus bas de l'année, enregistrés mi-mars, mais s'attend à ce que la correction ne dure pas.