Le pétrole en repli, malgré les réductions de production de l'Arabie saoudite et de la Russie
Les cours du pétrole qui avaient ouvert en hausse lundi dans la foulée d'une annonce de nouvelles réductions de production de la part de la Russie et de l'Arabie saoudite, ont finalement terminé en baisse, reflétant un certain pessimisme sur la demande.
Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a lâché 1,00% à 74,65 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en août, a perdu 1,20% pour repasser sous les 70 dollars à 69,79 dollars.
L'Arabie saoudite a annoncé qu'elle prolongerait en août sa baisse volontaire de production d'un million de barils par jour, et que ses efforts pourraient encore être étendus dans le temps, selon le ministère de l'Energie cité par l'agence de presse officielle du royaume.
Et Moscou compte pour sa part réduire ses exportations de 500.000 barils par jour, a assuré le vice-Premier ministre Alexandre Novak, cité par les agences de presse russes.
Mais les analystes d'Eurasia Group ont estimé que ces réductions de l'offre "ne vont pas faire grand chose pour modifier le sentiment baissier du marché qui est pessimiste sur la demande de brut pour la deuxième partie de l'année".
Pour James Williams de WTRG Economics, la trajectoire "illogique" du cours du brut --qui aurait dû monter vu la prolongation de la réduction de l'offre par l'Arabie saoudite notamment--, "est un signe que les Saoudiens s'attendent à une récession", donc à une baisse de la demande.
John Kilduff d'Again Capital également estime qu'en prolongeant leurs coupes de production, les Saoudiens "signalent un environnement de demande molle à laquelle ils doivent réagir".
Pour ce qui est de l'initiative russe, qui en théorie devrait aussi rendre l'offre plus étroite et faire monter les cours, plusieurs analystes soulignaient que le marché ne croyait guère à la réduction de ces exportations alors que Moscou, face aux sanctions, cherche à tirer des revenus de son pétrole.
"On ne croit pas nécessairement à ce que dit la Russie", a commenté James Williams à l'AFP. "Le marché est très sceptique sur les réductions d'exportation de la Russie", a renchéri M. Kilduff.
Globalement, "les inquiétudes sur la croissance mondiale dominent le marché" et empêchent les prix de l'or noir de décoller, ont estimé les analystes de ANZ.
Lundi plusieurs indicateurs manufacturiers en Allemagne, en France (indices PMI) et aux Etats-Unis (indice ISM) ont encore fait grise mine en juin, ce qui n'était pas pour encourager les perspectives de demande d'énergie.
Enfin, aux Etats-Unis, à la veille du jour férié de la fête nationale du 4 juillet, les échanges étaient très faibles, presque moitié moins qu'à l'ordinaire. Les marchés seront fermés mardi.