Le pétrole hésite entre craintes pour la demande chinoise et perturbations de l'offre
Les prix du pétrole hésitaient mardi, pris entre la situation économique en Chine qui alimente les craintes quant à la demande du pays, et la déclaration de l'état de force majeure sur un champ pétrolier en Libye.
Vers 09H15 GMT (11H15 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, perdait 1,19% à 76,160 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en octobre, cédait 0,38%, à 73,27 dollars peu après avoir évolué en terrain positif.
"La Chine a une fois de plus fait vaciller le marché du pétrole", commente John Evans, analyste chez PVM Energy.
Pour Stephen Innes, analyste chez SPI AM, les prix sont plafonnés "parce que la Chine, deuxième consommateur mondial et principal moteur de la croissance de la demande mondiale de pétrole, est bloquée dans un marasme économique".
L'état de santé économique de la Chine est en effet au coeur des préoccupations des investisseurs depuis le ralentissement de la croissance au deuxième trimestre.
Le géant asiatique est en proie à une crise inédite de son vaste secteur immobilier, une confiance morose des ménages et des entreprises, ce qui pénalise la consommation, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l'Union européenne menacent son commerce extérieur.
Samedi, l'indice PMI officiel publié par le Bureau national des statistiques (BNS) avait montré un net recul de l'activité manufacturière.
"La Chine a doublé sa dépendance à l'égard du commerce international et le seul plan de relance semble consister à exporter pour sortir du marasme économique", note M. Evans.
"Même un autre cas de force majeure en Libye ne suffit pas" à faire remonter franchement les prix du brut, poursuit l'analyste.
Lundi, la Compagnie nationale de pétrole (NOC) en Libye a déclaré l'état de "force majeure" pour le champ pétrolier d'El-Feel, invoquant dans un communiqué des "circonstances indépendantes de sa volonté", qui "affecteront et arrêteront les opérations pétrolières et la production de pétrole brut".
Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, l'état de "force majeure" permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.
Cette déclaration de force majeure "offre en fait un répit à l'Opep+ (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, ndlr) qui semble, de l'avis général, être sur le point de remettre sur le marché" des barils de pétrole retirés dans le cadre de réductions de production volontaires de certains membres, souligne M. Evans.
Début juin, l'alliance avait annoncé qu'elle pourrait réintroduire progressivement environ 2,5 millions de barils par jour dès octobre, avec la fin des réductions volontaires supplémentaires de certains membres et l'augmentation de l'objectif de production des Émirats arabes unis.