Le pétrole hésite entre risque géopolitique et hausse du dollar
Les prix du pétrole oscillaient vendredi entre positif et négatif, les investisseurs prêtant attention au risque géopolitique dans plusieurs régions du monde, qui pourraient nuire à l'approvisionnement, mais aussi à la hausse du dollar, facteur baissier pour les cours.
Vers 11H00 GMT (12H00 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mai, gagnait 0,12% à 85,88 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, prenait 0,16% à 81,20 dollars.
Le retour de la prime de risque géopolitique soutient les prix du pétrole, les investisseurs scrutant à la fois la situation au Moyen-Orient et en Russie.
Selon le Financial Times, les Etats-Unis ont exhorté l'Ukraine à cesser ses frappes contre les raffineries de pétrole et les infrastructures énergétiques russes, avertissant que les frappes de drones risquaient de faire monter les prix mondiaux du pétrole et de provoquer des représailles.
La Russie a en effet été visée à de multiples reprises par des incendies et des attaques de drones sur de nombreuses cibles stratégiques dont des raffineries. Ces actes ont été imputés à l'Ukraine.
"Le débit des raffineries russes a été affecté par les frappes de drones ukrainiens", poussant les prix à la hausse, commente Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.
"Les représailles ukrainiennes devraient inévitablement avoir des conséquences sur les exportations de produits pétroliers du pays dans les semaines et les mois à venir", affirme-t-il.
La situation au Moyen-Orient est également scrutée. Les Etats-Unis ont présenté un projet de résolution aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un "cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages" à Gaza, a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat Antony Blinken
Après cinq mois et demi de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza assiégée, au bord de la famine, Washington cherche aussi à convaincre son allié d'éviter une offensive terrestre sur la ville surpeuplée de Rafah, redoutant de lourdes pertes civiles.
En parallèle, "des baisses de taux (de banques centrales) ont lieu ou vont avoir lieu et pourtant, nous observons un marché pétrolier plutôt peu enthousiaste", relève M. Varga. Des baisses de taux sont d'ordinaire favorables aux prix du brut car liés à l'activité économique.
La Banque nationale suisse (BNS) a décidé jeudi d'abaisser son taux directeur, devenant la première des grandes banques centrales occidentales à infléchir sa politique monétaire depuis le rapide tour de vis lancé il y a bientôt deux ans pour lutter contre l'inflation.
La Banque d'Angleterre (BoE) a pour sa part maintenu sans surprise son taux d'intérêt mais ouvert la voie à un desserrement monétaire prochain.
"Les décisions et les discours de la BoE et de la BNS ont pesé sur leurs monnaies respectives", permettant ainsi au dollar de se renforcer, ce qui leste les prix du brut, explique Tamas Varga.
Les cours de l'or noir étant libellés en dollars, une appréciation de la devise américaine décourage les achats de pétrole en diminuant le pouvoir d'achat des acheteurs utilisant des devises étrangères.