Le pétrole poursuit son rebond, stimulé par les perturbations en mer Rouge
Les cours du pétrole ont enchaîné sur une nouvelle hausse, mardi, toujours soutenus par les attaques de navires en mer Rouge, même si le marché refuse, pour l'instant, de s'emballer.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février, a pris 1,64%, pour clôturer à 79,23 dollars.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en janvier, dont c'était le dernier jour de cotation, s'est lui élevé de 1,33%, à 73,44 dollars.
"Il n'y a aucun doute sur le fait que ce qu'il se passe en mer Rouge crée une perturbation", a commenté Phil Flynn, analyste de Price Futures Group. "Ce n'est pas majeur, mais cela va coûter plus cher" de transporter de l'or noir, en moyenne, a-t-il relevé.
Une force multinationale a été créée, lundi, pour assurer la protection des navires marchands avec, parmi ses membres, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France.
"La question se pose de savoir combien de temps il va falloir à cette force pour être opérationnelle", a avancé Phil Flynn.
A ce jour, parmi les grands groupes pétroliers, seul le géant britannique BP a officiellement choisi d'éviter la zone, où des navires sont régulièrement visés par des attaques revendiquées par les rebelles yéménites Houthis.
"BP est souvent le plus prudent", a expliqué, sous couvert d'anonymat, un dirigeant d'un transporteur pétrolier. "Mais si vous n'avez pas de lien avec Israël, la probabilité d'une attaque est très faible", a-t-il ajouté.
Les Houthis ont ainsi prévenu qu'ils s'en prendraient à des navires contrôlés par des intérêts israéliens ou desservant Israël.
"Et même si le trafic au canal de Suez a sensiblement diminué, il y a encore beaucoup de bateaux", a indiqué le dirigeant d'un transporteur pétrolier.
Selon lui, de nombreux navires choisissent de passer au large des côtes yéménites la nuit, et coupent leur transpondeur, qui permet habituellement de les repérer, pour diminuer les risques.
Quant aux tankers qui optent pour la route du Cap de Bonne-Espérance, "même si cela prend dix jours de plus, le pétrole va finir par arriver", a souligné Bart Melek, analyste de TD Securities. "Il n'est pas bloqué."
"La route de Suez n'est pas absolument cruciale pour le transport de pétrole", a affirmé Thu Lan Nguyen, analyste de Commerzbank, en rappelant que le blocage de cette artère par un porte-conteneur durant six jours en mars 2021 n'avait eu qu'un impact limité sur les cours.
Pour Phil Flynn, outre ce développement géopolitique, le raffermissement des cours du brut intervient aussi sur un marché qui était mûr pour un retournement, après quasiment deux mois de dégringolade.
"Les opérateurs (spéculatifs) se couvrent", vendent et se repositionnent à la hausse, pour certains, a observé Bart Melek.
tu/er