Le pétrole prend de la hauteur, le marché croit au pragmatisme de l'Opep+
Les cours du pétrole se sont sensiblement raffermis, jeudi, les opérateurs revoyant leur analyse de la position de l'Opep+, susceptible, selon eux, de renoncer à augmenter sa production si les conditions de marché le justifient.
Vers 17H40 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'appréciait de 1,82%, à 79,87 dollars.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en juillet, gagnait, lui, 2,09%, à 75,62 dollars.
"On a eu une crise de nerfs quand l'Opep a annoncé (dimanche) la possible fin de certains coupes de production au quatrième trimestre", a rappelé Phil Flynn, de Price Futures Group. "Et maintenant, ils essayent d'expliquer aux gens que ce n'est pas une certitude."
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l'accord Opep+ avaient indiqué que les engagements volontaires pris par certains membres, à hauteur de 2,2 millions de barils par jour, seraient progressivement levés à partir d'octobre.
Le ministre saoudien de l'Energie, Abdelaziz ben Salmane a ainsi affirmé jeudi que l'interprétation initiale du marché était "erronée", lors du Forum économique international de Saint-Péterbourg, en Russie.
"Parfois, le marché ne comprend pas certaines décisions", a surenchéri son homologue émirati Mohammed Al-Mazrouei lors du même événement, selon des propos rapportés par l'agence Tass. "Il faut du temps pour les analyser."
Pour Phil Flynn, les cours de l'or noir ont également été encouragés par la décision de la Banque centrale européenne (BCE) d'abaisser son principal taux directeur de 4% à 3,75%, son premier coup de rabot depuis cinq ans.
"Cela augmente la probabilité d'une baisse de taux de la Fed (banque centrale américaine), ce qui soutient le pétrole", car cela augure d'un contexte plus favorable à la consommation et à la demande d'énergie, selon l'analyste.
Phil Flynn a relevé aussi le regain de tension entre Russie et l'Occident, après que les États-Unis ont récemment autorisé formellement l'Ukraine à utiliser des armes américaines pour frapper des cibles en territoire russe.
Mercredi, le président russe Vladimir Poutine a menacé de livrer des armes à des pays tiers susceptibles de frapper des intérêts occidentaux, en réponse à ce feu vert.
Les opérateurs relativisaient aussi leurs inquiétudes quant à la santé de la demande, après avoir constaté, dans le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), que les livraisons d'essence aux États-Unis restaient élevées.
Quant au raffineries américaines, elles tournent quasiment à capacité maximale (95,4%), au plus haut depuis un an.