Le pétrole rebondit, la géopolitique l'emporte sur les fondamentaux
Les cours du pétrole ont repris de la hauteur, jeudi, orientés par la détérioration de la situation au Moyen-Orient, qui a fait oublier au marché de mauvaises nouvelles de la demande pour l'année en cours.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a augmenté de 1,54%, pour clôturer à 82,86 dollars.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mars, a lui gagné 1,81%, à 78,03 dollars.
La séance avait mal commencé pour l'or noir, déprimé par la publication du rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui a revu en hausse son estimation de production pour 2024, à 103,8 millions de barils par jour, contre 103,5 précédemment.
Dans le même temps, l'agence n'a pas modifié sa projection de demande, à 103 millions de barils quotidiens, ce qui signifie que le déséquilibre avec l'offre devrait être plus important qu'elle ne le prévoyait en janvier.
Le rapport a été rendu public au lendemain de celui sur l'état des stocks aux Etats-Unis, publié par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), qui a montré un fléchissement des produits raffinés livrés au marché américain (-4,8%), indicateur de la demande implicite. L'essence s'est particulièrement contractée (-7,2%).
"Le rapport de l'AIE était mauvais, celui de l'EIA aussi, mais c'est ce vent portant géopolitque qui l'a emporté", a commenté Robert Yawger, de Mizuho.
L'analyste a mentionné la frappe israélienne qui a tué, mercredi, dix personnes, dont un responsable militaire du mouvement pro-iranien Hezbollah au Liban.
Andrew Lebow, de Commodity Research Group, a lui évoqué le départ anticipé de la délégation israélienne présente au Caire pour des négociations sur une éventuelle trêve à Gaza.
L'analyste a néanmoins vu un point positif pour les cours dans les commentaires de l'AIE, qui a alerté sur le niveau actuel des stocks de brut. Selon l'agence, les réserves mondiales sont "à leur plus bas niveau depuis au moins 2016".
La faible jauge des stocks mondiaux et le taux d'utilisation des raffineries américaines, au plus bas depuis 13 mois, devrait créer des tensions sur les prix des produits pétroliers, relève Robert Yawger.
"C'est ce qui s'est passé la semaine dernière, mais ils ont dégringolé depuis", rappelle l'analyste, pour qui "la peur de voir le Moyen-Orient basculer emporte tout", et relègue au second plan les fondamentaux du marché, qui sont "horribles".