Le pétrole se replie, avec la prochaine reprise des exportations irakiennes vers la Turquie
Les cours du pétrole ont fini en baisse jeudi, sapés par la perspective de la reprise des exportations de pétrole kurde irakien vers la Turquie, ainsi que par un tableau macroéconomique qui préoccupe.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet s'est contracté de 1,87%, pour clôturer à 74,98 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en juin, a lui perdu 2,32%, à 70,87 dollars.
L'or noir avait pourtant démarré la séance dans le vert, le WTI prenant jusqu'à 1,29%, avant un retournement à l'approche de la clôture.
"La plus grosse nouvelle, c'est l'Irak", a réagi John Kilduff, d'Again Capital.
Le gouvernement fédéral de Bagdad a formellement demandé à la Turquie la reprise des exportations de pétrole kurde, après avoir finalisé un accord avec la région autonome du Kurdistan d'Irak.
Bagdad et Erbil "attendent désormais la réponse turque pour reprendre les exportations", selon l'administration kurde.
Le transport de brut via l'oléoduc qui relie Kirkouk, en Irak, au port turc de Ceyhan, est interrompu depuis fin mars, après une décision de justice qui a entraîné une crise politique, finalement résolue par un accord entre Bagdad et Erbil.
"Cela représente clairement une importante quantité de pétrole", a souligné John Kilduff, soit environ 450.000 barils par jour.
Outre le dossier irakien, "des données macroéconomiques molles en Chine et la hausse des suppressions de postes aux Etats-Unis sont responsables" du repli des cours, selon José Torres, d'Interactive Brokers.
L'inflation est ressortie à 0,1% sur un mois en avril en Chine, soit moins que les 0,3% attendus par les économistes. Quant aux prix à la production, ils ont chuté de 3,6% sur un an en avril, ce qui traduit "un écart entre offre et demande" de biens, selon Duncan Wrigley, de Pantheon Macroeconomics.
"La thèse qui justifiait des prix du pétrole plus élevés s'appuyait, en partie, sur un fort rebond de l'économie chinoise, qui ne s'est pas confirmé" jusqu'ici, observe John Kilduff.
Quant aux Etats-Unis, le nombre de nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage y a atteint son plus haut niveau depuis octobre 2021 la semaine dernière, selon des chiffres publiés jeudi.
"L'emploi est très lié à la demande d'essence", souligne John Kilduff. "Donc si les chiffres du chômage commencent vraiement à grimper, cela va poser problème."
Pour Edward Moya, d'Oanda, les opérateurs ont fait peu de cas des dernières estimations de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui maintient que la demande moyenne atteindra 101,9 millions de barils par jour cette année.
tu/clc