Le pétrole se replie, la menace des Houthis relativisée

19/01/2024
AFP

Les cours du pétrole ont reflué, vendredi, le marché relativisant la portée des attaques des rebelles yéménites Houthis en mer Rouge, tandis que l'équilibre entre offre et demande continue de poser question.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, a effacé 0,68%, pour clôturer à 78,56 dollars.

Quant au cours du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en février, il a perdu 0,90%, à 73,41 dollars.

L'or noir avait initialement pris de la hauteur, le WTI affichant jusqu'à 1,12% de gain en séance, avant que la tendance ne s'inverse, les cours restant néanmoins dans des marges resserrées.

"Malgré les craintes et les discussions sur ce qu'il se passe en mer Rouge, il n'en reste pas moins que l'on n'a toujours pas perdu de pétrole", a commenté John Kilduff, analyste d'Again Capital.

Les Etats-Unis ont mené vendredi de nouvelles frappes contre des sites contrôlés par les rebelles Houthis, abritant des lanceurs de missiles, selon le gouvernement américain.

Elles intervenaient après qu'un navire marchand américain avait été visé par des tirs de missiles, jeudi, dans le Golfe d'Aden.

Selon Gregory Brew, analyste du cabinet Eurasia Group, les Houthis ont indiqué, vendredi, qu'ils ne considéraient pas les cargos saoudiens et émiratis comme des cibles.

"C'est un élément négatif pour le marché" du pétrole, a estimé John Kilduff. "Avec les Iraniens, dont (les Houthis) sont les alliés, cela fait beaucoup de producteurs majeurs qui ne sont pas dans leur viseur."

"Pour le marché, cela reste donc des événements à faible risque" pour les flux de brut, en l'état, selon l'analyste.

En outre, un membre de la direction politique des Houthis, Mohammed al-Bukhaiti, a assuré au quotidien russe Izvestia que les navires chinois et russes bénéficiaient d'un "passage sécurisé" en mer Rouge.

"Les risques de perturbation de l'offre demeurent, mais il y aussi des facteurs baissiers, notamment l'économie mondiale", en phase de ralentissement, ainsi que la question de "l'unité de l'Opep+", a rappelé, dans une note, Craig Erlam, analyste d'Oanda.

La production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a légèrement augmenté en décembre par rapport à novembre, selon des chiffres publiés mercredi.

Cette hausse entraîne le marché à s'interroger sur la capacité du cartel à tenir ses engagements de réduction de production, pris fin novembre par plusieurs de ses membres et certains alliés de l'accord Opep+.

"Les Saoudiens sont seuls à essayer de faire tenir l'ensemble debout", estime John Kilduff, "et ils sont de plus en plus sous pression".

Les cours étaient aussi déprimés par les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). "Le marché apparaît raisonnablement bien approvisionné pour 2024", la hausse de production dépassant la croissance de la demande, selon les prévisions de l'AIE.