Les ristournes sur le carburant ont profité aux plus aisés, selon une étude
Les ristournes sur le carburant accordées par le gouvernement en 2022 ont profité davantage aux ménages aisés, qui sont les plus gros rouleurs, selon une étude de l'Insee publiée jeudi.
Les prix des carburants avaient explosé au printemps 2022, dopés par la reprise post-Covid puis par les conséquences de la guerre en Ukraine. Le gouvernement avait alors mis en place une ristourne de 15 à 18 centimes TTC par litre de carburant, portée à 30 centimes en septembre-octobre.
Les simulations de l'Insee suggèrent qu'elles ont conduit à alléger en moyenne la facture des automobilistes de 51 à 81 euros.
Les 25% les plus aisés, qui consomment en moyenne davantage de carburant, ont davantage bénéficié de cette mesure (entre 64 et 115 euros, contre entre 29 et 48 euros pour les 25% les plus modestes), mais cet allègement représente une part plus faible de leurs revenus, analyse l'Insee.
Les statisticiens se sont basés pour cette étude sur les données bancaires de 10.777 automobilistes clients du Crédit Mutuel, anonymisées et analysées entre septembre 2021 et janvier 2023.
Lorsque les prix augmentent de 1%, les automobilistes retardent leurs achats de carburant et les volumes diminuent à court terme, de 0,21% à 0,40%, selon l'étude.
Ces ajustements sont trois fois plus forts chez les "petits rouleurs" (qui dépensent moins de 17 euros par mois en carburant), plus enclins à changer leurs habitudes ou à reporter leurs achats.
Les ménages ruraux, périurbains ou "gros rouleurs" (plus de 120 euros par mois de carburant), avec leurs consommations moyennes plus élevées liées notamment à des trajets domicile-travail plus longs, réduisent eux davantage leurs volumes consommés de carburant à la suite d'une augmentation des prix. Ils ont ainsi davantage profité des remises accordées par le gouvernement.
Celles-ci ont réduit les prix de 10,8% en moyenne, par rapport aux évolutions des prix du marché. Par rapport à une situation où les prix seraient restés à leur haut niveau de début 2022, ces remises ont ainsi fait augmenter la consommation de carburant de 16 à 31 litres, selon les estimations.
Cette hausse représente entre 2,2% et 4,2% de la consommation annuelle moyenne d'un ménage automobiliste (740 litres).
Selon cette étude, les ménages automobilistes urbains ont dépensé 981 euros en frais de carburant en moyenne en 2022, contre 1.480 euros pour les ménages automobilistes vivant en zone périurbaine et 1.855 euros pour ceux vivant en zone rurale.