Négociations pré-COP28: la fin des énergies fossiles suspendue aux blocages financiers
La nécessité d'accélérer la réduction des énergies fossiles s'est imposée dans les débats préalables à la COP28 de Dubaï en décembre, mais pas encore au coeur des négociations, compte-tenu de l'opposition de certains pays émergents, dont la Chine, qui réclament d'abord des efforts financiers des pays riches.
La question a empoisonné les discussions techniques cruciales que les représentants de 200 pays doivent conclure jeudi soir à Bonn, siège de l'ONU Climat, après dix jours de travaux sur les défis du changement climatique: transition énergétique équitable, aide à l'adaptation, mise en place d'un fonds pour financer les "pertes et dommages" des pays les plus pauvres, etc.
Ces discussions techniques, qui n'ont pas produit d'avancées remarquables, sont cruciales pour espérer des résultats probants à la prochaine COP, présidée par le très scruté patron de la compagnie pétrolière des Émirats arabes Unis, Sultan al-Jaber.
Mais leur validité a été menacée par une longue bataille procédurale entre l'Union Européenne et le groupe des LMDC (une vingtaine de pays en développement ou émergents, dont la Chine, l'Inde et l'Arabie Saoudite).
L'Union européenne, soutenue par des pays en développement, notamment d'Amérique latine ou de l'Alliance des petits états insulaires (AOSIS), voulait inscrire à l'agenda des travaux approfondis sur la réduction des émissions, afin de remettre l'humanité sur la trajectoire de l'accord de Paris. L'actuelle emmène la Terre vers un réchauffement de 2,8°C d'ici la fin du siècle.
Mais les LMDC ont exigé en retour des négociations supplémentaires sur les engagements financiers des pays riches, premiers responsables historiques du réchauffement, dont les promesses d'aide non tenues ont suscité une profonde défiance du reste du monde.
"Il s'agissait plus d'une tactique que de la nécessité de discuter d'un sujet spécifique sur la finance", a regretté la négociatrice mexicaine Camila Zepeda, exprimant la "frustration" commune à de nombreux négociateurs et militants écologistes sur la lenteur des avancées.
Après huit jours de tension et une plénière mouvementée, décrite comme "une salle de classe primaire" par le président de séance, l'UE a fini par reculer mardi. Et les travaux sur la réduction des émissions ont été relégués dans un document informel, toutefois utilisable à la COP28.
"Nous avons une multitude de projets, mais il n'y a pas d'argent et les pays riches trouvent toutes sortes d'excuses pour nous soumettre à d'autres processus plutôt que de mettre de l'argent sur la table", a dénoncé de son côté Harjeet Singh, du Climate Action Network (CAN), exprimant une critique partagée par la majorité des ONG observatrices des négociations.